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MUSÉUM DE TOULOUSE

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Echinospartum horridum, collections du muséum de Toulouse

Le friselis du genêt hérisson

Article par Boris Presseq, Fiora Marfaing et Julia Vila
Chargé des collections de botanique / Médiatrice / Chargée de la documentation des collections et des miscellanées

Céline du Chéné, auteure et chroniqueuse à l’émission Mauvais genres sur France Culture, s’est faite la rapporteuse du murmure des collections, fragments de mémoires collectés lors de ses déambulations dans les salles d’exposition. Elle nous transmet leurs récits intimes à travers huit modules sonores réalisés avec Laurent Paulré, réalisateur à France Culture, accessibles au muséum depuis la visite mobile. De plus, durant les vacances de la Toussaint, saison propice aux communications avec les esprits et le monde invisible, les visiteurs seront invités à retrouver trois de ces audios sur des bornes installées pour l’occasion et ce, jusqu’à la fin de l’année 2021. Parmi ces derniers, le module sonore sur le genêt horrible exposé à l’étage du muséum dans l’espace Grandes fonctions.

Au contact du petit peuple des ronces avec le parcours sonore Murmures

Au cœur d’un halo sonore et musical créé par Laurent Paulré, la voix de Céline du Chéné s’est incarnée en celle d’une gardienne de musée à l’imaginaire fertile. Une gardienne sensible et discrète, qui, invisible et logée au creux de l’oreille du visiteur, l’entraîne du hall du musée aux serres des plantes carnivores, lui révélant, à chaque étape, les secrets et la part occulte des huit objets sélectionnés.

Notre gardienne noctambule, fantôme amical et familier des galeries se fait la voix de cavalière et chasseurs squelettes, crocodile du Nil, champignons, chauve-souris, archéologue spirite, météorite ou encore… genêt horrible.

Echinospartum horridum, collections du muséum de Toulouse
Genêt horrible, Sierra de Guara (Espagne), collecté à 1 200m d'altitude par Boris Presseq - coll. muséum, MHNT.BOT.2007.47.4, photo. : J. Vila

Le genêt hérisson, Echinospartum horridum

L’Echinospartum horridum, littéralement le “genêt hérisson rude”, porte bien son nom. C’est une des plantes les plus spectaculaires des montagnes pyrénéennes. Ce sous-arbrisseau forme un coussin de tiges enchevêtrées dont les rameaux aux pointes acérées rendent impossible tout rapprochement amical. Celles et ceux qui ont déjà randonné hors sentier, en short, dans les paysages méditerranéens de la Sierra de Guara au Nord de l’Espagne s’en souviennent encore…
Ces formations en coussins recouvrent roches et zones dénudées pour composer un paysage étonnant. Il peut parfois s’étendre sur plusieurs dizaines de mètres recouvrant par exemple toute la longueur d’anciens murets de pierre sèche.

Echinospartum horridum, collections du muséum de Toulouse
Genêt horrible, Sierra de Guara en Espagne, collecté par Boris Presseq - coll. muséum, MHNT.BOT.2007.47.4, photo. : Julia Vila

Au moment de la floraison, le paysage composé par ce genêt se pare d’un jaune éclatant.

Son fruit est une petite gousse qui s’ouvre brusquement à la chaleur, projetant les graines hors du coussin. Grâce à un système racinaire puissant et profond et à des feuilles trifoliolées très réduites, le genêt épineux présente une grande résistance à la sécheresse. Ce sont ses tiges vertes qui assurent alors la photosynthèse.

Genêts épineux, Guara
Genêts épineux, Guara, Espagne - photo. : Boris Presseq, 2005
Echinospartum horridum
Genêt hérisson dans son habitat naturel, Barousse - photo. : B. Presseq
Echinospartum horridum
Genêt hérisson - photo. : B. Presseq

Par sa forme et ses épines, il offre une protection essentielle aux sols nus qu’il occupe mais aussi à toute une petite faune depuis les mollusques jusqu’aux mammifères en passant par de petits passereaux.
C’est un habitant des zones sèches des Pyrénées surtout du versant Sud où il se développe principalement sur les sols calcaires dans des lieux ouverts de type garrigue, lande ou bien sous des peuplements arborés clairsemés, principalement à l’étage montagnard.
En Occitanie, on peut trouver quelques rares stations peu étendues, notamment sur les massifs calcaires de la Barousse, mais c’est en Aragon, dans le Nord de l’Espagne, que sa présence est la plus marquante.
Au muséum, un spécimen entier présenté sous vitrine dans l’espace Grandes Fonctions illustre la thématique de la protection. Des exemplaires de ses fruits et graines sont également conservés dans la carpothèque.

Fruits d'Echinospartum horridum, collections du muséum de Toulouse
Graines et fruits de genêt horrible, Sierra de Guara - coll. muséum, MHNT.BOT.2007.43.56, photo. : B. Presseq
EN SAVOIR ET DÉCOUVRIR PLUS

· Saule Marcel, Nouvelle flore illustrée des Pyrénées, Éditions du Pin à crochets, 2018, p.477
· Découvrir les podcasts Rencontres sauvages de Céline du Chéné (auteure et chroniqueuse à France Culture) et Laurent Paulré (L’envers des ondes et réalisateur à France Culture) pour le musée de la Chasse et de la nature.

Photo. d’en-tête : Genêt horrible (détail) – coll. muséum, MHNT.BOT.2007.47.4, photo. : Julia Vila